• Rapsodie in lilac

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    GCHE SGC RAPSODIE IN LILAC DE CHATTERLEY.

     

    GCHE SGC Rapsodie in lilac de Chatterley n'est plus..

     

    Décédée le jour où je fêtais mes 70 ans et mes trente années d’élevage, entourée de tous mes amis à chats, son départ prématuré et presque soudain, à l’âge de 12 ans passés (alors que mes birmans vivent jusqu’à 18/20 ans en général) me remplit d’une tristesse infinie et encore et toujours sa présence ne me quittera jamais.

     

    C’était une chatte exceptionnelle que tout éleveur rêve de faire naître un jour dans sa vie d’éleveur mais que tout le monde n’a pas la chance de voir arriver dans une chatterie : j’ai eu ce grand bonheur  et j’en remercie le ciel chaque jour. 

     

    Exceptionnelle car elle était placide, tendre, douce, proche et fidèle : elle  a vécu à 20 centimètres de moi jour et nuit sa vie entière, je l’ai transportée dans toute l’Europe lors de sa campagne TICA en 2001/2002 (Birman of the Year) sans que je n’entende le son de sa voix.

     

    Exceptionnelle car elle était d’une rare  beauté avec un look incomparable reconnu par tous  les juges, éleveurs ou particuliers (elle est encore plus belle en réalité que sur les photos m’a-t-on dit souvent). Rapsodie était un très beau représentant de sa race, d’une couleur lilas rosé encore rare à cette époque, avec une excellente morphologie (elle pesait 5 kilos et les juges la prenaient souvent pour un mâle) avec un type fabuleux (nez romain et menton fort elle avait tout : peut-être parce que dans ma sélection sur ces sept générations, je n’avais pas choisi les plus beaux chats mais ceux qui présentaient la ou les qualités que je recherchais le plus)  et des grands yeux d'une belle forme et d’un bleu époustouflant. Pourtant à deux mois, on n’aurait jamais pu prévoir une telle évolution. Comme quoi on ne peut jamais rien dire.

     

    Exceptionnelle car Rapsodie fut une génitrice incroyable (véritable force de la nature, elle a mis au monde sept portées en 10 années de 3,4,5,6,7,8,9 des portées exceptionnelles, tant par le nombre de chatons que par leurs qualités et une mère parfaite. Je m’en veux, à tort d’après mon vétérinaire, de lui avoir fait faire toutes ces portées mais en chaleur, c'était une vraie sirène, et ce pendant un mois !  Son frère de portée est décédé du même mal six mois avant elle. Donc, ce ne sont sans doute pas les maternités qui l’ont détruite car son frère, neutré jeune, n’a eu aucun stress de maternités, lui.

     

    Issue de la 7 ème génération de Chatterley, elle  a obtenu tous les succès possibles : Birman of the Year 2001-2002 en TICA, (première Birmane mondiale) de nombreux best généraux (dont Baltard) toutes races confondues ou dans les spéciales Birmans (la dernière à 12 ans en Bretagne avec le juge Bajou qui a souligné sa beauté et sa condition exceptionnelle en me qualifiant de précurseur de la race).

    Je ne l’ai pas surexposée volontairement (elle n’a fait qu’une seule campagne TICA) pour laisser la place aux autres car je pense que c’était bien qu’il en soit ainsi.

     

    Génitrice hors du commun, elle a laissé parmi ses chatons et ce, chaque année, des grands champions qui ont fait plusieurs Best Généraux en exposition tels que  : Utopie du Manoir, Virtuose, Aven, Blue Lady, Balou blue coeur, Candice (encore tous vivants sauf Blue Lady) pour ne citer que ceux dont je me souviens et n’en citer que certains et  parmi ses petits enfants Browny, magnifique birman nominé au best à la mondiale FIFE et best  variétés, C’Koh i Nor, qui vivait neutré avec elle et qui remporte tous les succès, et enfin tout dernièrement à l’espace Charenton 2012 Honeymoon Best Chaton 6/10 mois (sur 129 concurrents) fils de Forget me Not : dernier fils de Rapsodie  et toujours étalon. Bon sang ne saurait mentir.

     

    Toute ma reconnaissance va aux personnes qui m’ont permis de faire naître une telle chatte : je citerais les chatteries de Srinagar avec Aloxe corton de Srinagar, de Ste Duchesse avec  Lazarro, de Schwechinthe avec Nefos, enfin  de Chatterley avec Pearl lilas, Layston, Mélisse, Hamilton, Iacinthe, Greta et Golden Gipsy : chats qui figurent tous dans le pedigree de cette chatte magnifique.

     

    Adieu Rapsodie, tu reposes là où tu aimais te chauffer au soleil, dehors mais tout près de moi car tu ne t’écartais jamais à plus de trois mètres autour de la maison lorsque tu sortais et je te vois de mon lit ainsi que le magnifique rosier blanc ourlé de rose à ton image que j’ai voulu planter dans tes cendres. Ton portrait est également sur le mur de ma chambre, serti dans la jolie assiette de Limoges que mes amis m’ont offerte le jour où tu étais à l’agonie, sans oser me présenter ce cadeau.  Jamais plus, je ne ferai naître une chatte qui sera ton égale, hélas. Un chat, pas plus qu’un enfant, ne peut en remplacer  un autre.

     

    Michèle LEFRANCOIS

    (voir la vidéo du dernier Best Général de Rapsodie)

      

      

    Rapsodie in lilac à 8 ans

    photo de Rapsodie sur mon lit à 8 ans

     

     

     

     

     

     

    Voici un article écrit par Mme Marcelle ADAM, la première à présenter le Birman en France à l'exposition de 1926 et publié dans la revue Féline en 1934, suite à la mort de Manou de Madalpour le premier Birman à succéder Poupée (la première birmane créée en France dont descendent tous nos birmans). Manou a vécu 10 ans (1924-34).
    Ce texte s'articule autour d'un dialogue fictif entre Mme Adam et son chat passé dans l'au-delà, Manou.

    Je l'ai trouvé très émouvant  (Mme Adam était écrivaine, présidente du Cat Club de France et a rédigé la légende du Birman) et j'ai voulu vous le faire partager... c'était il y a 80 ans !

     LA MAISON VIDE
    par Marcelle ADAM (Octobre 1934. Revue Feline)

    - [Mme ADAM] Où es-tu Manou ?
    - [Manou] A tes côtés. Sur la table où tu manges, sur celle où tu travailles, sur ton lit quand tu dors, dans te bras… partout, à travers la maison, là où tu es. Ne me vois-tu pas ?
    - Je te vois, Manou, mais ton menu fantôme échappe à mes caresses. J’ai du chagrin.
    - Moi aussi. Pourtant, j’aime ton chagrin. Tant qu’il durera, ta pensée me gardera toute proche. Je ne mourrai tout à fait qu’au jour de ton oubli total.
    - Ce jour-là ne viendra jamais, chère petite ombre.
    - Je le crois, nous tenions l’un à l’autre par tant de liens !
    - Des liens très forts, oui, si bien que tu m’as un peu emportée. Ton départ a laissé la maison vide et mon cœur vide. Ton petit départ, après les autres grands départs…
    - Il le fallait. Mon heure était venue.
    - Trop tôt. Toujours trop tôt. Vous autres, nos bêtes d’élection, ne devriez-vous pas vivre autant que nous-mêmes ?
    - Hélas ! Nos brèves existences traversent les vôtres, souvent sans y laisser de traces, cependant qu’elles vous furent entièrement dévouées. Cela n’est pas mon cas, tu m’aimais. Je ne pouvais supporter tes absences. Tu ne supportes pas la mienne.
    - Je pense que chaque destinée sentimentale comporte des points culminants : Une amitié, un amour, une tendresse animale, si j’ose m’exprimer ainsi. Je parle pour les êtres normaux. A mon sens, ceux qui dédaignent les bêtes ne sont pas tout à fait normaux.
    - Ils sont, en tout cas, injustes. Ils nous méprisent et nous leur prodiguons un trésor qu’ils sont incapables de nous rendre.
    - Longtemps, Jo, la chatte grise, a régné sur mon cœur, puis, son souvenir… Et tu es venu. Sans l’effacer, tu as pris sa place. Son spectre jaloux a pâli. Je lui demande pardon.
    - J’ai toujours été malade. Dix fois, jusqu’au soir où elle m’a échappé, vite et douloureusement. Manou… Manou, bout-de-chat…, Manou, petit-dieu…, Manou, Poids-plume…, Manou-Brisou, mon Manou… Depuis, j’évoque chaque jour les détails de ta brève histoire, ainsi qu’on relit, sans suite, les pages d’un livre préféré. Ta brève histoire… Dix ans, tout de même, un chapitre de la mienne. D’abord, ton arrivée à la maison, la misère dont tu sortais, ta maigreur, la queue alors en fil de fer, et le chapelet de ton échine saillante, et l’attention avec laquelle je surveillais ton front où devait apparaître, m’avait-on dit, une huppette assez semblable à celle des cacatoès. Et la délicieuse légende des Chats sacrés de Birmanie… Et mon orgueil devant la beauté naissante… Et la huppette, surtout la huppette !... On riait encore chez nous, en ce temps-là…
    - L’extraordinaire séduit toujours les humains. Je ne fus qu’un chat.
    - Tais-toi, Tu fus Manou, le-plus-beau-des-chats. Et le meilleur. Et le plus cérébral. Tu fus celui que Jean-Paul-Hippeau appelait le Prince irréel aux yeux de saphir. Tes yeux, tes chers yeux, tes yeux immenses, d’un bleu sombre irisé de violet, tes yeux éclairés par une lumière intérieure, tes yeux dont l’eau profonde reposait sur un fond niellé par un orfèvre divin, tes yeux que tant d’artistes ont voulu peindre sans y réussir jamais, tes yeux invraisemblables dont le regard était si doux, si doux…
    - Ce regard est encore sur toi ; il te suit.
    - Il me hante Manou. Il peuple ma solitude. Il entretient mon chagrin.
    - Il met du bleu autour de toi, du bleu joli, de la tendresse bleue, des pensées bleues.
    - Cher petit spectre !... Ton étroite tombe, en s’ouvrant à Jagny, dans une terre amie a rouvert d’autres tombes en mon cœur. Ma vieille maman te chérissait. Est-ce pour cette raison que, trois nuits de suite, j’ai fait un rêve étrange où, sortant d’un brouillard, elle venait à moi, tenant entre ses bras ton corps inerte. « Manou est mort » disait-elle, d’une voix désolée. Cependant, tu paraissais promis à de longs jours. Mais une semaine plus tard, tu mourais brutalement. Pauvre maman ! T’as-t-elle reçu entre ses bras comme je l’ai vu ?... Plus de bête amie qu’elle ait touchée. C’est fini. Ton image éveille la sienne et la rejoint. Je reste seule et triste.
    - Non. Nous sommes là vivants dans ton cœur. Nous sommes là.
    - Je sais… je sais… Vous êtes présents à mes côtés, ô mes fantômes ! Je te vois. Manou, sur ma table, durant que j’écris. Tes yeux d’azur regardent mon chagrin. J’entends le silence de la maison, je mesure le vide. Mon tendre camarade, ton départ creuse le silence et creuse le vide… Ton petit départ, après les autres grands départs …